Réponse à Nicolas Lescureux, « Pour une science [humaine] des chiens. À propos de Véronique Servais (dir.), La science [humaine] des chiens », 2017

Véronique Servais

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Véronique Servais, « Réponse à Nicolas Lescureux, « Pour une science [humaine] des chiens. À propos de Véronique Servais (dir.), La science [humaine] des chiens », 2017 », Lectures anthropologiques [En ligne], 3 | 2017, mis en ligne le 12 février 2024, consulté le 20 avril 2024. URL : https://www.lecturesanthropologiques.fr/569

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En tant que directrice scientifique de l’ouvrage La science [humaine] des chiens (Servais 2016), j’ai saisi l’opportunité d’apporter une réponse argumentée à la recension critique qu’en a faite Nicolas Lescureux, dans le précédent numéro de Lectures anthropologiques. Il est difficile en effet de rester sans réaction face à la lecture à la fois partiale et platement factuelle qu’il nous propose, une lecture qui non seulement passe sous silence la plupart des enjeux conceptuels, épistémologiques et méthodologiques que l’ouvrage se donnait pour vocation de discuter, mais qui en outre prétend anéantir tout son projet à partir, essentiellement, de la critique méthodologique de deux chapitres parmi les onze que comporte l’ouvrage.

Le projet du livre était de proposer différentes approches du chien, comme objet des sciences sociales, approches susceptibles de le réintroduire en tant qu’agent. Il s’agissait aussi de s’interroger sur ce projet et ses implications pour les sciences sociales et les sciences de la nature, et de dégager des voies de recherche possibles, sans préjuger par avance de ce que sont les chiens. En somme, il s’agissait d’essayer d’échapper à une partition a priori qui assignerait les chiens à la nature et à la biologie, et les relations que les hommes entretiennent avec eux à un registre purement symbolique. Pour le dire autrement l’enjeu était, comme l’écrit Descola, de « sortir les animaux de la passivité induite par les symboles » (2014 : 269) par lesquels les cultures humaines s’en saisissent, indépendamment de ce que ces animaux sont, afin d’en faire des agents. Des auteurs issus d’horizons différents y ont été invités : anthropologues, philosophe, psychologue et sociologues, mais aussi deux biologistes éthologues. Alors que la première partie cherchait à établir des « médiations épistémologiques » entre sciences sociales et sciences de la nature, tout en manifestant la volonté de bousculer les frontières établies de l’éthologie canine, la seconde, de facture plus classique, proposait une série d’études sur les relations entre humains et chiens. Cette seconde partie n’est pas problématique aux yeux de Nicolas Lescureux, et je n’y reviendrai pas ici. Car l’essentiel de son texte et de ses réserves porte sur deux chapitres, hautement critiquables de son point de vue : les chapitres 2 et 6. À eux seuls, ces chapitres anéantiraient le projet de l’ouvrage.

Une simple question de méthode ?

La critique vise essentiellement les méthodologies employées par les auteurs de ces deux chapitres. Je pense cependant que sous couvert d’une discussion méthodologique se cache en réalité un enjeu bien plus important. Cet enjeu, qui est aussi l’une des questions cruciales du numéro sur les animaux en anthropologie, est celui de la place à donner aux sciences du vivant dans nos tentatives pour faire entrer les animaux, en tant qu’acteurs, en sciences sociales. Nicolas Lescureux aurait pu prendre cette question à bras le corps et la discuter, et ce d’autant que de nombreuses pistes de réflexion dans l’ouvrage l’y invitaient. Mais il choisit plutôt de remettre en cause deux textes, au motif principal qu’ils s’affranchissent délibérément de ce que l’éthologie a à dire sur le chien, pour porter sur lui le regard des sciences sociales. L’ouvrage pourtant ne néglige pas l’éthologie canine. Deux des onze chapitres lui sont consacrés et le texte pose clairement, dès l’introduction, qu’on ne peut faire une science sociale des animaux en se passant des sciences naturelles. Comment comprendre alors que Nicolas Lescureux me reproche à plusieurs reprises, notamment dans sa conclusion, de minorer les apports de l’éthologie ? D’où vient qu’il semble penser que le projet de l’ouvrage s’est construit dans la défiance à l’égard des sciences naturelles ? Qu’il aille jusqu’à supposer que, si le chapitre 4 — qui traite de l’éthologie cognitive du chien — ne vient pas en premier, c’est parce que j’ai voulu éviter de donner à l’éthologie la place de discours « maître » ou de cadre de référence qui lui reviendrait en principe ? Force est de conclure que le problème est peut-être moins celui de la présence des sciences naturelles dans l’ouvrage que de la place qui leur est faite. Et en effet, elles ne sont pas ici les garantes de ce que seraient « véritablement » ces canidés. Elles ne sont pas convoquées pour dire la vérité du chien, en contrepoint de ce que les gens croient ou pensent d’eux, mais pour entrer en dialogue avec le regard de sociologues et d’anthropologues sur les chiens, et ainsi possiblement constituer de « nouveaux faits », comme ceux auxquels Guillo et ses coauteures font référence dans le chapitre 1. C’est notamment la vocation du chapitre 3, écrit par l’éthologue constructiviste Fabienne Delfour, qui a été invitée à commenter et discuter l’étude sociologique sur le « mental canin en action » dans les promenades au parc, et dont il sera question plus loin. Mais ce texte, qui discute de convergences possibles entre éthologie et ethnométhodologie, ne retient pas l’attention de Nicolas Lescureux, au motif qu’il n’apporte pas en lui-même de faits — ce qui, on l’aura compris, n’était pas sa vocation première.

La peur de « l’invasion » des sciences sociales par les sciences de la nature

Si le projet de l’ouvrage est d’instaurer des tentatives de dialogue entre sciences sociales et sciences de la nature, il est aussi de laisser les unes et les autres s’influencer, s’interpénétrer et s’envahir réciproquement, afin qu’apparaissent progressivement des points de convergence, des supports ou des accroches pour établir un dialogue fécond. Il est également de travailler sur les « points de compatibilité » (Guillo 2015 : 57) entre sciences sociales et sciences de la nature, ce qui implique un « relâchement de tous les dualismes » (ibid.) et un assouplissement de la frontière. Car s’il est utile que les sciences sociales puissent se laisser influencer par la biologie du chien, l’inverse est également vrai : l’éthologie peut trouver des sources d’inspiration, de nouvelles questions et de nouveaux objets dans les sciences sociales des animaux. Ce projet est clairement énoncé dans l’introduction : « Il ne sert à rien de lutter pour maintenir des frontières de principe quand on sait que l’intérêt scientifique est de renouveler notre regard sur les animaux, ce qui ne sera pas sans conséquence sur l’humain » (Servais op. cit. : 16). Et un peu plus loin : « Notre objectif est donc de faire émerger un véritable dialogue entre disciplines, tout en veillant à respecter la diversité des points de vue et des manières de faire science. Il nous faudra donc admettre que d’une manière ou d’une autre notre dialogue repose sur une série de malentendus, et ce sera là une garantie qu’aucune discipline ne vise à inclure, exclure, détrôner, dominer, assimiler ou disqualifier l’autre » (id.). Or, cet accueil résolu qui est fait aux sciences de la vie semble ne pas avoir été entendu par Nicolas Lescureux. L’auteur laisse en effet entendre, par une série de remarques ironiques disséminées dans son texte, que je redouterais une invasion par les sciences biologiques, dont je chercherais en conséquence à protéger les sciences sociales. C’est là, suggère-t-il, ce qui expliquerait mon refus de donner au chapitre sur l’éthologie cognitive sa juste (et première) place dans l’ouvrage. Si j’emploie en effet le terme d’invasion dans mon introduction, après avoir pris soin de l’y encadrer de guillemets, c’est en référence à un débat, paru en 2012 dans la revue SociologieS (Servais 2012), qui portait précisément sur la naturalisation du social. J’y défendais alors l’idée que, plutôt que de se réfugier dans l’affirmation de l’autonomie absolue des sciences sociales par rapport à la biologie (et donc de craindre l’invasion des sciences sociales par les sciences naturelles), il était incomparablement plus avantageux de s’aventurer sur un terrain laissé à l’abandon par la biologie : le domaine de la vie affective, sociale et culturelle des animaux. Je proposais, là aussi, que l’on assouplisse les frontières entre sciences sociales et sciences de la vie et que l’on se donne des objets d’étude empiriques qui ne préjugeraient pas par avance de leur appartenance à la nature ou à la culture, au règne animal ou au règne humain. La science [humaine] des chiens n’est donc pas un ouvrage qui se défend contre l’éthologie. C’est au contraire un ouvrage qui cherche à s’engager dans un dialogue avec les sciences de la nature, tout en revendiquant la légitimité, pour les sciences sociales, de dire quelque chose des animaux. En d’autres termes, et c’est apparemment cela qui lui est reproché, c’est un ouvrage qui se refuse au partage des tâches qui s’impose encore trop souvent lorsqu’il est question des animaux en anthropologie : les anthropologues s’occupant de ce que les gens pensent que les animaux sont ou font, tandis que les éthologistes auraient pour mission de nous dire ce que les animaux sont ou font « vraiment ». Cette répartition des tâches ne fait que reconduire, une fois de plus, le dualisme que l’on cherchait à dépasser.

On aura compris que je ne souscris pas à la solution que propose Lescureux dans sa conclusion. Il ne suffit pas de multiplier les points de vue sur le chien pour introduire les chiens en sciences sociales. Car non seulement l’articulation entre des disciplines aux régimes de scientificité différents ne va pas de soi, mais en plus nous maintenons les animaux entièrement du côté de la nature et de la biologie. Et, sauf dans le cas de l’éthologie d’inspiration phénoménologique, il est alors bien difficile de faire des animaux des agents, et tout aussi difficile de décrire les interactions entre hommes et animaux en tant qu’inscrits dans un seul système interactif. Or c’est précisément ce qu’ont tenté de faire les deux textes sévèrement attaqués par Nicolas Lescureux : ils font le pari de traiter humains et chiens dans un même geste méthodologique et d’observer les chiens dans leurs interactions quotidiennes avec des êtres humains.

Haro sur l’ethnométhodologie

Les critiques qui sont faites au texte de Laurier et al. (Servais 2016 : 37-71) sont, à bien des égards, celles que l’on pourrait adresser à l’ethnométhodologie tout entière et à ses partis-pris méthodologiques et théoriques radicaux. « Si partout il y a de la mise en ordre, alors d’où que vous partiez, vous trouverez un morceau de cet ordre pour démarrer votre analyse » rappellent les auteurs en paraphrasant Harvey Sacks (p. 47). Il s’agit là de l’un des postulats de base de l’ethnométhodologie, qui vise à produire des micro-analyses de la manière dont les conduites s’ordonnent et dont l’interaction sociale s’organise. Dans ces conditions, il n’est pas nécessaire d’accumuler indéfiniment les observations, puisque l’ordre recherché se trouve dans chacune d’entre elles. Mieux vaut procéder à l’analyse détaillée de quelques-unes d’entre elles. Si les enregistrements de promenade au parc réalisés par Laurier et ses collègues étaient des « données à la fiabilité douteuse » comme le prétend Lescureux (§19), il nous faudrait probablement condamner pour « non-scientificité » toute l’ethnométhodologie, ainsi qu’une bonne part de l’analyse de conversation.

Dans son ensemble, ce chapitre est présenté comme fait de « longues descriptions associées à des photos de mauvaise qualité et de petit format […] interprétées a priori très librement et agrémentées de commentaires peu pertinents », ces « commentaires peu pertinents » étant des savoirs en première personne, issus de la familiarité des auteurs avec la situation étudiée. « On se demande bien pourquoi les ethnologues passent autant de temps sur le terrain au sein des communautés qu’ils étudient, alors qu’ils ont une connaissance personnelle des humains et de la vie quotidienne en général » (§19) ironise alors Nicolas Lescureux. Ce commentaire témoigne ici aussi d’une méconnaissance de l’ethnométhodologie, dont l’un des partis-pris est de s’intéresser aux savoirs de sens commun et de ne pas établir de coupure épistémologique forte entre le savoir des acteurs et celui du sociologue. Que l’ethnométhodologie ait fait ce choix n’invalide évidemment en rien le travail au long cours des ethnologues.

Les auteurs font également le choix de ne pas recueillir la parole des acteurs, et ils s’en expliquent en ces termes : « nous nous méfions des chercheurs qui collationnent des remarques ou des discours et qui traitent ces discours comme des rapports fiables de la façon dont leurs auteurs se comportent avec les chiens ». « Au minimum, de telles études sont ethnographiquement inadéquates parce qu’elles présupposent que ce que les gens font avec les chiens peut être établi à partir de ce qu’ils disent qu’ils font » (Servais op. cit. : 42). Les chercheurs choisissent donc de s’en tenir à l’observation de la manière dont les gens et les chiens coordonnent leurs actions et exécutent des actions conjointes. Soupçonner que ce choix soit guidé par une forme de condescendance vis-à-vis des acteurs, comme le fait Nicolas Lescureux, relève d’une interprétation personnelle difficilement compréhensible.

Je voudrais enfin rappeler le projet des chercheurs, qui ambitionnent de considérer les chiens comme « les auteurs d’une vie significative et cohérente dans le temps » (op.cit. : 39), et c’est bien là l’une des raisons pour lesquelles ils avaient leur place dans cet ouvrage. Ils ne nient pas que les chiens soient issus de croisements et de sélections ayant notamment porté sur leurs compétences sociales. Mais ils cherchent à décrire ces compétences sociales en tant que compétences pratiques prenant place dans une situation concrète. « Si nous admettons que le mental animal est un mental sauvage façonné par une histoire de pressions environnementales, alors on ne le trouvera pas en regardant à l’intérieur de leur tête, mais bien en étudiant les aptitudes pratiques des animaux “à l’état sauvage”, c’est-à-dire dans les lieux qu’ils habitent » écrivent-ils (op.cit. : 40). Dans cette perspective, il n’est pas anthropomorphique de dire qu’humains et chiens partagent des objectifs et lisent les intentions les uns des autres, car il s’agit d’actions pratiques qui se décrivent en situation et qui n’impliquent en rien que les chiens lisent les intentions comme nous le faisons. Le procès fait à cet article est donc lié à la fois à une mauvaise connaissance de l’ethnométhodologie et à un problème de réification d’entités mentales, puisque l’ethnométhodologie présuppose que le mental n’est pas situé à l’intérieur du crâne, mais s’actualise dans une situation. En d’autres termes, il est une propriété du système interactif et de la situation, en ce et y compris le parc lui-même, avec ses sentiers, ses entrées-sorties et ses tas de feuilles mortes. C’est en raison des similarités entre ce présupposé pragmatique et celui de l’éthologie constructiviste, inspirée de la théorie de l’énaction1 de FranciscoVarela (Varela et al. 1993), que j’ai proposé à F. Delfour de commenter et discuter le texte de Laurier et al. Son commentaire montre qu’en dépit de divergences, celles-là mêmes qui sont soulignées par Lescureux, il existe plusieurs points de compatibilité entre les approches – mais de cela en revanche, il n’en est fait nulle mention dans la recension critique qui nous est proposée.

Venons-en à présent au chapitre 6, qui lui aussi fait l’objet d’une critique sévère, pour des raisons globalement similaires à celles du chapitre 2. Ce qui est essentiellement reproché à Marion Vicart, c’est de pratiquer une observation trop subjective, trop éloignée de l’éthologie, et de se fourvoyer dans son projet d’étudier les temporalités croisées des modes de présence des hommes et des chiens, au motif principal que le temps subjectif des chiens est différent de celui des humains. Nicolas Lescureux fait appel à des études de neurophysiologie qui ont montré que, en effet, la perception du temps chez divers organismes est étroitement corrélée à leur métabolisme, et varie donc avec la taille et le poids. Pour Lescureux, cela invaliderait tout le projet de l’auteure : puisque le temps du chien n’est pas celui de l’humain, il est inadéquat de tenter de les envisager « ensemble ». Dans le même esprit, quel sens peut avoir la notion de « distraction » pour un chien, et comment la percevoir, dès lors que l’on admet que le chien perçoit le monde en premier lieu olfactivement et seulement en second, voire en troisième lieu, visuellement ? L’étude de Marion Vicart serait donc globalement invalide. Mais il convient de rappeler que, pas plus que dans le chapitre 2, le projet de l’auteure n’est ici de décrire le monde subjectif du chien. Si ce texte figure dans La science [humaine] des chiens, c’est à la fois pour l’expérimentation méthodologique qu’il propose (suivre des chiens dans leur quotidien) et pour la réflexion sur les modes de présence à laquelle il invite. Cette réflexion fait par ailleurs écho au texte de la psychologue Nadine Fossier-Varney, dont Lescureux dit qu’il est « troublant à plus d’un titre ». Mais il n’en dit pas davantage, et cela appelle un dernier commentaire.

Ce texte est en effet troublant en ce qu’il suppose qu’entre le chien Moogli et les patients de la psychologue prennent place des formes de communication antérieures à toute symbolisation, qui relèvent de modes de perception archaïques de la présence d’autrui, et en ce qu’il témoigne d’initiatives appropriées du chien dans un contexte de soin. Ce niveau de communication est celui « où les humains et non humains deviennent conscients l’un de l’autre et développent des modes de relation qui précèdent le processus usuel de catégorisation et de communication inclus dans des cadres historiquement et linguistiquement contingents » (Descola 2014 : 268, ma traduction). Or, pour décrire ces échanges, il faut, comme le propose Guillo (2015), repartir d’études empiriques sur des objets dont on ne sait pas par avance s’ils relèvent de la nature ou de la culture. Il est nécessaire également de suspendre temporairement son jugement sur ce que sont ou ne sont pas les chiens, et de s’attacher à décrire, au plus près, les phénomènes observés. Il serait évidemment absurde de le faire dans l’ignorance de ce que les sciences de la nature ont à nous dire sur les chiens ; mais il serait tout aussi absurde de refuser l’agentivité aux animaux parce que cela risque de remettre en question la frontière entre sciences sociales et sciences naturelles. Il ne me semble pas exagéré d’affirmer que l’ouvrage est un premier pas dans cette direction.

1  L’énaction est le point de vue selon lequel « la cognition, loin d’être la représentation d’un monde prédonné, est l’avènement conjoint d’un

Descola Philippe, 2014, « All too human (still): A comment on Eduardo Kohn's How forests think », HAU: Journal of Ethnographic Theory, vol. 4, n° 2, p. 267-273.

Guillo Dominique, 2015, « Quelle place faut-il faire aux animaux en sciences sociales ? », Revue française de sociologie, vol. 56, n° 1, p. 135-163.

Servais Véronique, 2012, « Faut-il faire la sociologie des singes ? », SociologieS, Débats, Le naturalisme social [en ligne], http://sociologies.revues.org/4054 (consulté le 14.11.2017)

Servais Véronique, 2016, La science [humaine] des chiens. Lormont, Le bord de l’eau.

Varela Francisco. J., Thompson, Evan et Rosch, Eleanor, 1993, L’Inscription corporelle de l’esprit. Sciences cognitives et expérience humaine. Paris, Seuil.

1  L’énaction est le point de vue selon lequel « la cognition, loin d’être la représentation d’un monde prédonné, est l’avènement conjoint d’un monde et d’un esprit à partir de l’histoire des diverses actions qu’accomplit un être dans le monde ». (Varela et al. 1993 : 35). Il s’agit donc de se démarquer de la théorie représentationniste de la cognition, pour l’envisager en tant que partie de l’action du sujet dans le monde.

Véronique Servais

Véronique Servais est Professeur en anthropologie de la communication à l’Université de Liège. Une grande partie de ses recherches porte sur les relations entre les êtres humains et les animaux, notamment celles qui se tissent dans un contexte de soin. Outre de nombreux articles, elle a publié avec Jean-Luc Renck L’éthologie. Histoire naturelle du comportement (Seuil, 2002).